Un objectif : découvrir et apprendre comment être utile à son territoire ?
29 Avril / 5 mai, voici le 2 ème volet de notre projet Citoyens du Monde, porté par le Conseil Territorial de Saint-Pierre et Miquelon.
Aller à la rencontre des jeunes de la métropole, ce sera Issy les Moulineaux et créer des ponts avec notre archipel.
Une arrivée pluvieuse mais très chaleureuse en métropole…
Les jeunes ont atterri à Roissy sous la pluie ce dimanche 29 Avril au matin. Je suis venu les chercher à l’aéroport avec Cédric, un animateur de la ville d’Issy les Moulineaux et Anne DORR ma co-auteure du projet et réalisatrice du documentaire.
Voilà des mois qu’on parlait de ce projet, de leur venue à Paris dans le cadre du projet Citoyens du Monde. Ils étaient là, bien fatigués…
Ce deuxième volet était particulier. Au delà de la formation qu’on allait leur proposer autour de la citoyenneté et de la fraternité, nous souhaitions surtout créer des liens, des ponts avec les jeunes Isséens, faire en sorte qu’ils puissent échanger sur leur situation de jeunes investis dans la vie de la cité et parler avenir.
Quelle différences ? Quelle ressemblances ?
Arrivée à Issy. Les jeunes Isséens étaient là devant l’espace Anne Frank, cet espace réservé aux jeunes d’Issy. Ils ont saisi les valises des jeunes Saint-Pierrais et Miquelonnais et nous ont guidé jusqu’à une grande salle qui allait être notre QG pendant une semaine. Les croissants, le café, le thé attendraient, tout le monde était impatient des présentations…
Sabrina, jeune Isséenne s’est lancée et tous les isséens ont enchaîné… ils étaient tous en seconde, première ou terminal… « Ils sont grands !… »… ai-je entendu de la part de nos jeunes… mais cette petite appréhension n’a duré que quelques secondes. A leur tour, ils se sont présentés et directement, les conversations privées ont commencé. Je me suis mis à l’écart.
Se présenter, premier acte civique. Se présenter et être reconnu à part entière par son prénom, par son identité.
L’après-midi Cédric a enchaîné avec des jeux pour mieux se connaître. Opération réussie. Pour la première visite de Paris en bateau mouche nous n’avions plus qu’un seul groupe de jeunes.
Les rituels.
Dès le premier jour, je me suis rendu compte que nous allions tous vivre quelque chose d’extraordinaire. Je voyais déjà certains, plus réservés, prendre la parole, vouloir s’investir, accepter les micros pour le film… ce voyage prenait des allures initiatiques.
Alors j’ai imposé un rituel que nous avons mis en place tous les jours. Une ronde. Je proposais un mot lié à nos travaux comme fraternité, engagement, liberté… et chacun présentait aux autres sa façon de voir ce mot. Il n’y avait pas de discussion ensuite. On s’écoutait, on apprenait à écouter l’autre et ce qu’il pouvait nous apporter. Les isséens quand ils le pouvaient (car ils avaient repris les cours), se mêlaient à notre ronde, les apports s’enrichissaient .
La découverte de la République, de ses valeurs sous ses formes symboliques.
La première ronde, on l’a faite au sénat dans la salle des conférences, tout un symbole parmi les symboles. Il est d’une évidence que le lieu est impressionnant. Au fond de moi, au-delà des ors et des apparats, j’espère qu’il leur restera aussi la compréhension du travail d’un élu.
Comment se construit une loi ou les qualités demandées pour être un élu : l’écoute, le travail, la tempérance, l’ouverture d’esprit, la culture….
Toutes ces qualités représentées symboliquement dans les peintures et les statues du Sénat leur ont été expliquées lors de la visite.
Le devoir de mémoire…
Paris est rempli de symboles nous rappelant notre devise, Liberté, Egalité, Fraternité. Il a fallu choisir ce qu’on allait visiter.
J’ai opté pour le Panthéon. Sa grandeur, sa prestance, le silence qui y règne nous ramène à notre humilité…. Depuis début 2018, les jeunes travaillent sur les portraits des Grands Hommes. Victor Hugo, Marie et Pierre Curie, Jean Jaures, Emile Zola, Germaine Tillon etc… L’histoire et le devoir de mémoire sont essentiels pour qui souhaite apporter sa pierre à la société… c’est à travers leur histoire personnelle qu’on trouve du sens à nos valeurs et parfois même tout simplement, être inspiré.
Inspirée… C’est dans ce sens qu’Issy, une ville particulièrement à l’écoute des jeunes, a baptisé certains espaces qui leur sont destinés. Entre l’espace Anne Frank et celui de Janusz Korczak, nos jeunes ont découvert qui étaient ces personnalités investis pour la Liberté et la Fraternité à qui Issy les Moulineaux rend hommage régulièrement.
Peu d’entre nous connaissaient Janusz Korczak, ce médecin juif polonais qui protégeait tous les enfants du ghetto de Varsovie et qui est mort avec les enfants juifs.
C’est dans cet espace que nos jeunes ont découvert la vie de Lucie Aubrac.
Des ateliers pour apprendre le devoir de mémoire,
Mais je pense que la personnalité qui les a le plus marquée est Anne Franck. Les jeunes d’Issy ont inventé un jeu qui met en parallèle la vie d’Anne Franck et la seconde guerre mondiale.
Je ne vous en dis pas plus, ils viendront le présenter à Saint Pierre et Miquelon dès cet automne, un premier pont est né.
D’autres pour échanger sur la notion de fraternité
Troisième pilier de notre devise républicaine, nous avions vraiment à cœur d’interroger des jeunes élus séparés par 5000 km sur la notion de fraternité.
Cet atelier a permis à tous les jeunes de contribuer à dégager une définition commune de la fraternité, celle qui anime le mieux vivre ensemble, celle aussi quelque part qui le motive dans leur engagement d’élu : solidarité, universalité, tolérance, acceptation…..les qualificatifs ne manquaient pas pour faire vivre la fraternité entre nos jeunes.
J’ai été particulièrement heureux de constater que nos jeunes ont des bases communes très solides sur la fraternité, rappelant en cela l’importance de l’enseignement de l’école de la République et de l’ensemble des acteurs dans la construction personnelle de notre jeunesse.
D’autres pour apprendre à débattre…
Cédric a souvent pris les rênes pour les animations. Nous avons eu la chance d’avoir bénéficié du 1 er Mai et que tous les jeunes ont pu participer à des ateliers ensemble.
Débattre ! Activité pas facile pour nos jeunes. Les isséens sont bien rodés à l’exercice. Ici, les règles étaient claires, la question du débat a été posée avec son pour, son contre et les incertains ! Chacun choisissait physiquement son camp, une zone neutre entre les deux et on écoutait celui qui prenait la parole sans l’interrompre. Les jeunes avaient le droit de se déplacer, de changer d’avis, donc de camp et bien sûr de s’exprimer librement. Il n’y avait aucun jugement. Même si certains échanges ont été enflammés, rien n’est sorti du cadre… il était intéressant de voir comment à l’écoute des autres, leur avis avait évolué…
Je peux dire que nous, encadrants, étions fiers d’eux à la fin de l’atelier. Certains se sont ouverts et ont bien défendu leur point de vue.
Débattre est le sel de la démocratie…
Et d’autres pour apprendre à communiquer.
Débattre oui mais dans l’art de la parole.
Qu’est-ce qu’on peut dire ? Comment le dire ? A quel moment ?
Les ateliers de communication se sont passés en deux phases. La première, mieux se connaître pour mieux s’exprimer, nous avons tous dessiné nos blasons, les grands aussi, et la deuxième, prendre conscience de la portée de nos mots.
Comment parler aux autres ? Comment lance t-on nos mots ? Comment sont-ils reçus par l’autre en face de moi ? Il y a des mots légers qu’on balance comme on se lance une balle en plastique, d’autres plus lourds mais parfois plus précieux comme un livre qu’on ne veut pas abîmer, et d’autres encore plus dangereux, plus blessants plus tranchants comme une paire de ciseaux. …
Nos jeunes garderont, je l’espère, de ces exercices les ressentis de ces objets que représentaient symboliquement les mots.
La communication est un atelier qui me tenait personnellement à cœur. On sait comme c’est difficile pour nous îliens. Nous ne sommes pas toujours de bons exemples là-dessus. Jusqu’à présent, c’était ainsi, intrinsèque à notre façon de vivre. Mais quand je vois l’escalade des violences à travers le monde, à travers les médias en ce moment, le fait que nous soyons aux portes d’éventuelles guerres, nous souhaitions mettre l’importance de la communication au cœur de la formation à la citoyenneté… c’est tout un art, celui de l’ouverture vers l’autre, celui de la paix.
Donner et recevoir et plus précisément, la façon de donner et de recevoir aura été un fil conducteur important de toute cette semaine. N’est ce pas cela la fraternité ?
Issy les Moulineaux
La ville de Claire Foliot Guichard, la ville de Anne Dorr, isséennes toutes les deux, elles m’ont guidé sur les forces de cette ville et la réalisation de cette semaine.
Mais je laisse les jeunes raconter leur perception de la ville…ils ont planché sur le sujet.
Chose sûre, nous avons été tous formé à la troisième nature. D’autres ponts ont été créés.
Les regards croisés….
C’est par les présentations des territoires de chaque conseil de jeunes que les ateliers communs ont commencé, et c’est en parlant de l’autre, en croisant les regards que tout s’est terminé à l’Hôtel de Ville d’Issy Les Moulineaux en présence du Maire, des élus, d’une représentante de l’ANACEJ , d’une représentante de l’UNICEF, et d’un représentant du médiateur de la République…
Pour la 1 ère soirée de présentation, nos jeunes aidés par Jean-Guy et Gaël avaient préparé un power point sur Saint Pierre et Miquelon. Ils avaient également réalisé deux superbes films, l’un sur la nature et l’autre sur nos évènements festifs de l’été. Merci à Rudy de son soutien pour la réalisation des films et merci aussi à tous les concitoyens qui ont donné leurs images pour les films.
Je suis conscient de l’importance de savoir lire, filmer, photographier et monter des images pour tous les citoyens.
De part et d’autre, il y a eu des distributions de cadeaux, ces petits gestes qui illuminent le cœur et les regards. Nous avons offert des tee shirt amusants, clin d’œil à une année à SPM et ils ont reçu des livres, un sur Anne Franck et un sur Janusz Korczak.
… pour créer des ponts.
C’est à partir de ces échanges que nous allons maintenant construire la troisième partie du projet à SPM où tous les citoyens seront invités fin octobre pour partager des ateliers, assister à 3 soirées regroupées sous le nom de La Fête de la Fraternité.
La totalité de ce projet n’est en aucun cas une leçon de morale mais bien une prise de conscience. Chacun avance à son rythme, à sa façon. Et c’est cette diversité aujourd’hui qui est la richesse de notre territoire.
Comme a dit Loan sur son blason, « l’oiseau fait son nid, petit à petit… »
Un final tout en beauté
On a fini au symbolique lieu des Temps des cerises, au fort d’issy, qui a été le lieu de résistance lors de la commune au 19 ème siècle, devenu un lieu culturel, avec médiathèque et une petite salle de concert.
Ces moments ont été incroyablement intenses, au delà de mes espérances…
On parle beaucoup de la façon de faire découvrir les valeurs du vivre ensemble et de la fraternité, de celles de la citoyenneté, ce qui a été fort ici est surtout qu’ils les ont expérimentées.
Issy les Moulineaux a tout mis en œuvre pour que cette semaine soit une réussite. Je tiens à remercier son Maire et ancien Ministre André Santini et toute son équipe avec une pensée particulière pour Claire FOLIOT GUICHARD, sans qui ce partenariat n’aurait jamais eu lieu.
Nous leur rendrons la pareille en octobre lors de la visite de 10 isséens pour la fête de la fraternité.
La ville d’Issy les Moulineaux et le Conseil Territorial partagent les mêmes valeurs et croient que demain ne peut s’écrire qu’en investissant sur la jeunesse mais aussi avec la jeunesse.