Ce lundi 18 juin 2018, j’organisais au Sénat la première conférence sur le bien-être au travail. Cette conférence, à cette date symbolique, était un appel du 18 juin pour une prise de conscience de l’importance du bien-être au travail.
Une rencontre entre les élus et la société civile au Sénat participe à rapprocher la sphère politique au sens grec du terme (vie de la cité) des citoyens. Il me semble normal et même indispensable que le Sénat se saisisse de sujets sociétaux tels que celui du bien-être. Le rôle du législateur c’est de créer de l’harmonie en fixant un cadre à la société mais pour y arriver nous devons nous mettre à l’écoute de la société civile car ce n’est que comme cela que les choses peuvent avancer.
L’évaluation de la performance d’un pays passe par le fait que le plus haut niveau politique intègre le facteur humain. Il ne doit pas s’agir d’un effet de mode mais bien d’une nécessaire prise de conscience.
Le sénat s’est peu penché sur ce sujet si ce n’est en 2010 dans un rapport d’information de mon collègue Gérard DERIOT sur les questions du mal-être au travail suite à la vague de suicide dans certains groupes français.
Puis, il y a eu en février 2010, le rapport LACHMANN/LAROSE/PENICAUD sur le « Bien-être et efficacité au travail, 10 propositions pour améliorer la santé psychologique au travail »
Depuis peu de choses …
Comment aujourd’hui, suite aux différentes fractures économiques, environnementales et sociétales, pouvons-nous écrire notre futur en repensant le bien-être au travail ?Comment les entreprises peuvent-elles intégrer ces nouveaux paradigmes ?
Quelles visions pour notre société ?
Quel rôle pour le législateur? Comment peut-il accompagner ces mutations ?
Telles étaient les questions que nous souhaitions couvrir à cette occasion.
Et si on changeait de paradigme ?
« La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent. » EINSTEIN
Et si les efforts des entreprises (secteur public et privé) étaient destinés à apporter du bien-être au travail ?
Lors de ces dernières décennies, le monde a fortement évolué, bouleversant celui du travail et de l’entreprise.
Pour débattre de ce sujet, envisager ensemble demain, j’avais invité plusieurs personnalités expertes sur le sujet, afin d’ouvrir ce débat.
Edouard Payen, formateur à la Théorie U, conscience et intelligence collective
Holly Niemela, experte bien-être en entreprise, spécialiste des pratiques de l’intelligence émotionnelle
Jean Timsit, avocat, professeur à HEC
Le débat était animé par Laurence de Lanversin, collaboratrice de Matthieu Ricard.
La soirée a commencé par un constat de notre société, une définition du bien-être au travail, des chiffres et des statistiques puis avec la prise de conscience des 3 grandes fractures :
– fracture écologique : nous consommons plus que ce que la terre peut nous donner
– fracture sociale : il y a de plus en plus d’écarts entre le riches et les pauvres et cela crée des tensions
– fracture de sens : de plus en plus de personnes ne trouvent plus de sens à leur travail. ce qui engendre des démotivations et des maladies.
Quels nouveaux paradigmes ? Tout commence par des prises de conscience personnelles et collectives mais comment introduire une première prise de conscience ? La tenue de cette conférence était destinée à favoriser cette prise de conscience, en toute humilité.
Jusqu’à quelle limite la société est responsable du bien être de ses salariés ?
Il est important de bien différencier le bien être personnel dont nous sommes tous responsables et le rôle de l’entreprise de mettre à disposition des outils pour créer des paramètres et des conditions de bien être au travail. L’entreprise n’est pas non plus responsable du bonheur personnel qui dépend de la constitution de chaque individu. Nous avons fait la différence entre bien-être au travail et bonheur au travail.
Nous avons eu des témoignages de chefs d’entreprise qui mènent une politique managériale axée sur le bien-être des salariés. La Présidente de SODEXO France, Anna Notarianni, a ainsi expliqué la politique du groupe sur ce sujet. La mise en pratique de ces actions demandent un portage par les managers et cela avance petit à petit.
La place du législateur aujourd’hui s’inscrit comme un non sachant à l’écoute de ceux qui expérimentent cela, avec l’objectif de sa fonction : celle de poser un cadre, une structure pour que le vivre ensemble puisse s’écrire avec tous les acteurs du secteur,
Si je devais retenir quelques verbes clés de cette soirée en lien étroit avec toutes les interventions, ils seraient les suivants : reconnaître, écouter , faire confiance , s’engager.
M’investissant sur ce sujet depuis plusieurs mois, ayant rencontré certains acteurs qui ont fait le choix du bien-être au travail, j’aimerais que le Sénat envisage de créer un groupe d’étude permanent sur ce sujet afin d’alimenter les travaux des deux commissions qui de mon point de vue sont concernées par ce sujet : la commission des affaires économiques et la commission des affaires sociales. Affaire à suivre…
Le bien-être au travail est aussi un vecteur de performance économique et concilier les aspects économiques et sociaux sur ce sujet est fondamental de mon point de vue.
Cette conférence a été un succès, nous devons poursuivre nos efforts pour que le mouvement de prise de conscience que nous observons dans le monde de l’entreprise s’amplifie et que les nouvelles pratiques managériales exemplaires émergent.
Et à Saint-Pierre et Miquelon ? nous en parlerons à la rentrée…