Le samedi 25 mai, dans l’Archipel, nous voterons pour l’élection des députés européens.
Européen convaincu, il est à mes yeux indispensable de nous mobiliser samedi prochain pour exprimer notre attachement à la construction européenne.
Le statut de PTOM qui nous lie à l’UE, je me suis toujours battu pour que nous le préservions car il nous protège et nous offre un cadre financier et juridique que nous maîtrisons aujourd’hui. Du reste, nos relations avec l’UE sont excellentes et basées sur une confiance réciproque avec les services.
Je salue l’initiative de la collectivité de diffuser des modules vidéo expliquant la nécessité d’aller voter et le joins l’ensemble des élus qui plaident localement pour une mobilisation des électeurs.
Je ne donnerai aucune consigne de vote, chaque électeur est responsable de son vote mais MOBILISEZ-VOUS et VOTEZ LE SAMEDI 25 MAI.
Quel est le lien entre ce scrutin et la question du plateau continental ?
Je vais entrer dans le détail car il explique en grande partie pourquoi je ne voterai surtout pas LREM le samedi 25 mai aux européennes.
L’extension du plateau continental est un long combat pour l’Archipel. Commencé sous l’impulsion de Gérard GRIGNON, relayé par le Conseil Territorial que je présidais alors, il est devenu le cheval de bataille d’Annick GIRARDIN et s’est transformé en argument électoral pour cette dernière.
En 2008, Nicolas SARKOZY, qui présidait l’Union Européenne, a évoqué ce sujet avec le premier ministre Canadien Stephen HARPER lors de son déplacement au Canada. Courant 2009, après une forte mobilisation politique et citoyenne, nous avons obtenu que la France enclenche la demande de revendication de l’extension de son plateau continental (sol et sous-sol marin) en dehors de nos 200 miles nautiques.
Gérard GRIGNON et moi étions clairs à l’époque : l’avenir économique immédiat de SPM ne passait pas par ce dossier car il prendrait à minima 15 ans pour être tranché mais nous devions le défendre pour le futur.
Les démarches devant la commission des Nations Unies (EXTRAPLAC) chargée de régler la question de la revendication d’une extension du plateau continental, ont été réalisées par le Canada et la France. Le droit de la mer prévoit qu’en cas de réclamation par deux pays au moins sur une même zone géographique, les Nations Unies n’ont pas autorité pour trancher la question.
Dans cette situation il reste deux alternatives :
- Que la France et le Canada déposent un dossier conjoint et par conséquent négocié entre nos deux pays ;
- Qu’un des pays laisse courir les délais, ce qui conduirait à porter l’affaire devant le tribunal arbitral international.
Ces deux hypothèses ont été rappelés par Annick GIRARDIN lors de son interview du 02 mai dernier sur SPM la 1ère.
La ministre des outre-mer, que l’on sent aujourd’hui nettement moins « emballée » par le dossier (c’était SON dossier politique rappelons-le), a déclaré que la France demandait aux canadiens d’ouvrir des discussions, sans grand succès. Elle pensait objectivement que les canadiens voudraient aller à l’arbitrage. On sent donc une forme de résignation dans les propos de la ministre même si elle a laissé entendre que les demandes de discussions persistaient, ce dont je doute.
On sait sur SPM à quel point la France est faible quand il s’agit de justice internationale car nous en avons payé le prix fort en 1992 dans la décision de délimitation de nos eaux françaises (200 miles).
Quel lien avec l’Europe ?
L’Union Européenne a négocié avec le Canada un accord de libre-échange que l’on appelle le CETA. Cet accord est entré partiellement en vigueur mais il doit être soumis au vote des parlements des pays de l’union européenne, donc la France (Assemblée Nationale et Sénat). Personnellement, je voterai contre le moment venu.
C’est là que je dis clairement que Annick GIRARDIN (qui étant au gouvernement épouse les thèses de Emmanuel MACRON) renonce à défendre comme elle le faisait le plateau continental quand elle était député.
Pourquoi ni Annick GIRARDIN, ni Emmanuel MACRON n’ont mis dans la balance du soutien de la France pour le CETA, et de notre vote, le fait que les canadiens entament des discussions pour déposer un dossier négocié d’extension du plateau continental ?
Pourquoi ne pas avoir tapé du poing sur la table face au refus Canadien ? Pourquoi toujours se résigner face aux canadiens alors qu’ils ont fait une campagne de lobbying politique incroyable pour s’assurer du soutien de la France ?
Sans doute la France a-t-elle, avec le Canada, des intérêts supérieurs que la défense de notre dossier d’extension du plateau continental ne saurait venir contrarier.
Je critique sévèrement la position de la République En Marche, du Président Emmanuel MACRON et la passivité d’Annick GIRARDIN sur ce dossier. Certains pêcheurs présents à Miquelon lors de sa visite en février 2019 ont pu constater de visu que la ministre était nettement moins à l’aise sur ce dossier dans son costume national qu’elle ne l’était en tant que député.
Comment faire confiance à Emmanuel MACRON et son parti LREM en matière européenne alors qu’ils sont en train de fracturer la France comme jamais cela n’est arrivé ?
LREM ne fait pas le poids sur le plan diplomatique face à des Canadiens qui imposent leurs vues à la France, pourquoi feraient-ils mieux au niveau européen ?
Retenu à Paris par la session parlementaire, je voterai par procuration le samedi 25 mai je ne voterai pas pour la liste LREM que soutien Annick GIRARDIN et le Député CLAIREAUX (groupe LREM à l’Assemblée).
Ce parti au pouvoir avait tout en main pour peser de tout son poids et faire en sorte de défendre comme il se doit les droits de la France, et donc de l’Archipel, sur le dossier du plateau continental.
Pour moi voter LREM aux élections européennes c’est une manière de cautionner la passivité de la France sur le dossier plateau continental et je ne peux m’y résoudre.
Et vous mes chers concitoyens, êtes-vous prêt à leur faire confiance ?
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